Accompagnée par la SATT Paris-Saclay depuis 2016, la start-up Kimialys développe et commercialise un traitement chimique innovant des surfaces utilisées dans le domaine du diagnostic, telles que les nanoparticules, biopuces ou électrodes, afin d’augmenter la sensibilité et la spécificité des tests, tout en ouvrant de nouvelles possibilités dans le domaine du diagnostic in vitro. Ce projet, promis à un bel avenir, est aussi l’un des premiers soutenus par la SATT Paris-Saclay. Il a ainsi bénéficié d’un soutien exemplaire de l’ensemble de ses équipes tout au long de son développement. De la première étude de marché à la création de l’entreprise, en passant par la maturation de la technologie ou la recherche d’un profil CEO, c’est un véritable continuum d’accompagnement qui s’est déployé au fil des ans. Aujourd’hui la start-up, au sein de laquelle la SATT est entrée au capital, passe un cap décisif avec la finalisation d’une levée de fonds d’un million d’euros, qui va lui permettre de passer à l’échelle industrielle pour la production et le traitement de ses nanoparticules d’or, tout en poursuivant son développement en Europe et au-delà. Elle vient par ailleurs d’être classée par Challenges dans le top 100 des start-up où investir en 2023.

Quels sont les bénéfices de votre innovation pour l’industrie du diagnostic in vitro ?

Cyril Gilbert : La technologie que nous valorisons chez Kimialys est un traitement chimique des capteurs utilisés dans la détection des molécules biologiques. Ce traitement génère un bénéfice double. D’une part, il permet d’améliorer la limite de détection des tests, c’est-à-dire leur capacité à détecter des biomarqueurs cibles en faible concentration. D’autre part, il permet d’améliorer la fiabilité des tests grâce à une meilleure reproductibilité et répétabilité de ces derniers, quelle que soit la nature du milieu biologique analysé (sérum, salive, urine, etc.). Concrètement, sa double action permet d’optimiser l’orientation, la densité et la répartition des biomolécules en surface pour maximiser la capture des molécules cibles, tout en protégeant celles-ci contre les interactions non spécifiques. Kimialys résout ainsi deux problématiques de l’industrie du diagnostic in vitro, puisqu’elle offre une sensibilité accrue d’un facteur x5 à x10 ainsi qu’une spécificité optimale pour tout type d’échantillon biologique. Une combinaison unique d’avantages qui ouvre de nouvelles possibilités dans le domaine des test diagnostiques et outils d’analyses in vitro.

Parlez-nous de votre collaboration avec la SATT Paris-Saclay ?

C.G. : Notre technologie se fonde sur dix années de recherche réalisées par mon associée, Claude Nogues, au sein du Laboratoire de Biologie et de Pharmacologie Appliquée (LBPA) de l’ENS Paris-Saclay. Souhaitant valoriser son innovation, elle a contacté la SATT en 2016 pour la réalisation d’une étude de marché, qui a confirmé l’intérêt industriel de la technologie. Cette étude a été suivie d’un programme de maturation technologique de dix-huit mois financé et accompagné par la SATT Paris-Saclay. Il a permis l’extension de la technologie, initialement développée sur puces, aux nanoparticules d’or avec le dépôt d’un brevet et de deux savoir-faire. Il a également permis le recrutement de deux ingénieures de maturation, aujourd’hui membres de l’équipe Kimialys. À l’issue de sa maturation, puis de sa distinction au concours i-Lab de Bpifrance (édition 2019), le projet a passé la vitesse supérieure. Toujours accompagnée par la SATT Paris-Saclay, Claude s’est ainsi mise en quête d’un profil CEO pour prendre en main la partie business de la future start-up. Nous nous sommes alors rencontrés dans le cadre d’un événement organisé par l’association Find Your Cofounder. Après plusieurs mois de collaboration intensive durant la première vague de la Covid-19, nous avons créé la société Kimialys en octobre 2020 et signé une licence exclusive d’exploitation de la technologie avec la SATT en février 2021. Aujourd’hui, la SATT Paris-Saclay continue de nous accompagner via des actions de communication, des invitations aux événements qu’elle organise ou des mises en relations avec des investisseurs et acteurs majeurs de son écosystème. Elle nous apporte depuis 2016 un véritable appui, qui devrait se poursuivre pendant encore de très nombreuses années.

Vous venez de finaliser une importante levée de fonds. Quels sont vos projets pour le futur ?

C.G. : Cette première levée de fonds d’environ 1M€ a été réalisée auprès de la société d’investissement Go Capital et de Business Angels – dont les deux réseaux BADGE (Business Angels Des Grandes Écoles) et Angels Santé – et va nous permettre de financer trois grands projets. Le premier, majeur, est la mise à l’échelle de notre capacité de production et de traitement de nos nanoparticules d’or, afin de répondre aux commandes toujours plus nombreuses et d’accompagner nos clients sur la durée. Ce financement va également nous permettre de poursuivre le développement de trois projets innovants initiés depuis la création de Kimialys, et aujourd’hui subventionnés par Bpifrance à hauteur de 1,3M€ : trois prototypes novateurs basés sur notre technologie dans les domaines du suivi de patients traités par immunothérapies, des tests rapides de maladies infectieuses, et du contrôle qualité en bioproduction. Enfin, cette levée de fonds est l’occasion d’amplifier notre activité commerciale auprès des développeurs de Tests Diagnostiques Rapides (TDR), de tests Point-of-Care (PoC), des laboratoires pharmaceutiques et des entreprises biotechnologiques, aussi bien en Europe qu’en Asie et Amérique du Nord. Dans cette optique, nous avons recruté un business développeur en début d’année et une personne en charge du marketing nous rejoint prochainement. Notre équipe, composée de neuf collaborateurs devrait par ailleurs continuer à s’étoffer avec quatre à cinq recrutements supplémentaires prévus d’ici la fin de l’année. Nous sommes aujourd’hui en quête de nouveaux locaux pour accueillir tous ces talents, et recherchons une surface composée de laboratoires et de bureaux au sud de Paris, suffisamment grande pour poursuivre notre développement sur les prochaines années.

 

Cyril Gilbert

CEO Kimialys