DIONYSOS est un projet de biocontrôle innovant développé au sein du laboratoire LIONS (NIMBE, CEA, CNRS, Université Paris-Saclay). Son objectif : proposer une alternative durable aux fongicides traditionnels pour lutter contre le mildiou de la vigne, pour faire face aux limites d’usage du cuivre. Soutenu et financé par la SATT Paris-Saclay, le projet bénéficie d’un accompagnement stratégique et opérationnel qui lui a permis de passer des premiers essais en laboratoire aux tests en conditions réelles. À travers cet interview, Pierre Picot, chercheur au laboratoire LIONS , revient sur la genèse de DIONYSOS, ses avancées et ses perspectives de transfert industriel.
► Pouvez-vous nous raconter la genèse du projet DIONYSOS et sa naissance au sein du laboratoire NIMBE ?
Pierre Picot : À l’origine, ce sont les vignerons de la Coopérative de Tutiac, dans le Bordelais, qui étaient à la recherche de solutions alternatives pour protéger leurs vignes contre le mildiou. Ils ont contacté le CEA Tech de Bordeaux pour savoir si des technologies de leurs laboratoires pouvaient répondre à ce besoin. Dans le portefeuille de brevets, un dispositif a retenu leur attention : la stabilisation de l’eau oxygénée grâce à l’argile.
Le problème, est que la personne qui avait travaillé sur ce brevet ne produisait plus cette argile. La coopérative a alors été redirigée vers le CEA de Saclay, et plus précisément vers notre laboratoire LIONS,
au sein de NIMBE, car nous poursuivions encore des recherches sur cette argile et disposions des équipements pour en produire à plus grande échelle.
De fil en aiguille, nous avons commencé à travailler avec les vignerons pour développer un projet. Faute de financement, il n’a pas pu démarrer immédiatement. Mais, avec l’appui et l’investissement de la SATT Paris-Saclay, nous avons pu lancer concrètement DIONYSOS.
► Où en êtes-vous aujourd’hui dans le développement du projet ? Avez-vous déjà mis au point une solution testée sur le terrain ?
P.P. : Oui, nous avons développé une formulation complète, c’est-à-dire un produit fini prêt
à être appliqué sur les cultures. Les premiers essais en laboratoire, sur le mildiou de la vigne, ont été concluants. Nous avons ensuite confirmé ces résultats en serre. Puis nous sommes passés en conditions réelles, aux champs, avec des formulations adaptées. Ces premiers tests sur le terrain ont montré des effets positifs.
Aujourd’hui, nous travaillons la validation de ces résultats sur une saison complète. L’objectif est de confirmer l’efficacité du produit dans la durée et dans des conditions représentatives du cycle végétatif.