Dans un contexte marqué par une importante défiance vis-à-vis des vaccins, le projet EVAC propose un adjuvant de nouvelle génération totalement résorbable, véritable alternative aux sels d’aluminium utilisés pour les vaccins inactivés. Accompagné par la SATT Paris-Saclay depuis 2019 dans le cadre d’un projet de pré-maturation, puis de maturation, ce projet représente une réelle avancée pour l’amélioration de la couverture vaccinale. Sa porteuse de projet, Clémence Sicard, vient d’être nommée membre Junior de l’Institut Universitaire de France, une nomination prestigieuse pour la chercheuse et une belle reconnaissance pour son innovation.
Comment est né le projet EVAC ?
Clémence Sicard : « Ce projet a débuté en présentant nos travaux dans le domaine des matériaux multifonctionnels associant des solides hybrides poreux de type Metal-Organic Frameworks et des composantes biologiques. Nous avons réalisé qu’un des matériaux à base d’aluminium que nous avions élaboré pouvait être particulièrement intéressant pour une application dans le domaine des vaccins tués pour lesquels des adjuvants sont nécessaires. Pour ces vaccins, élaborés à base de toxines inactivées ou d’autres antigènes, les sels d’aluminium, adjuvants de référence, sont indispensables pour déclencher une immunisation forte et durable. Cependant ces adjuvants ne sont pas dégradés dans le corps humain et laissent des dépôts indélébiles. Et la crainte que ces dépôts soient associés à des effets secondaires indésirables a entraîné une importante défiance vis-à-vis des vaccins et, avec elle, un recul de la couverture vaccinale. Notre technologie propose un adjuvant résorbable qui, tout en permettant une réaction immune, est progressivement éliminé, ne persiste pas dans le corps et évite la formation de dépôts d’aluminium par accumulation. »
Comment votre projet a-t-il été accompagné par la SATT Paris-Saclay ?
C.S. : « Au regard du potentiel de valorisation de notre innovation, nous avons déposé, dès 2019, un projet de pré-maturation auprès de la SATT Paris-Saclay en répondant à l’appel à projet Poc’Up. Dans le cadre de ce programme, nous avons pu réaliser notre preuve de concept et notamment des tests d’immunisation et de dégradation de l’aluminium chez la souris. La bonne surprise, c’est qu’au-delà de la confirmation de la disparition de l’aluminium, la réponse immune s’est révélée meilleure, voire bien meilleure qu’avec l’adjuvant de référence. Nous avons donc très vite déposé un brevet pour protéger notre technologie et poursuivi notre collaboration avec la SATT dans le cadre d’un programme de maturation aujourd’hui en cours. L’objectif de cette deuxième phase est de renforcer notre technologie et rechercher des tiers exploitants intéressés par notre innovation. Grâce à la SATT, nous rencontrons actuellement plusieurs acteurs de l’industrie pharmaceutique et vétérinaire. L’accompagnement intensif, rigoureux, personnalisé et de proximité de la SATT Paris-Saclay tout au long du projet est en effet particulièrement précieux. Il nous a aussi permis de bénéficier des conseils d’un consultant expert en vaccination spécialement missionné sur notre projet. La réactivité et la souplesse de l’ensemble des équipes est également très appréciable, tout comme la complémentarité de nos expertises. »
Parlez-nous de votre nomination en tant que membre Junior de l’Institut Universitaire de France ?
C.S. : « l’Institut Universitaire de France a nommé cette année 164 chercheurs toutes disciplines confondues et sur toute la France. C’est une très belle distinction pour nos activités scientifiques universitaires et nos projets de recherche. Cela veut aussi dire que nos services d’enseignement sont réduits de deux tiers pour les cinq prochaines années…autant de temps supplémentaire à consacrer à nos projets de recherche. »
Intervenante
Clémence SICARD
Porteuse du projet EVAC