Dominique FOURMY, directeur de recherche CNRS au LBPA (CNRS, ENS-Paris-Saclay) et Abdel EL-ABED, enseignant-chercheur à LuMIn (CNRS, ENS Paris-Saclay), souhaitent développer conjointement une nouvelle technologie d’analyse de la susceptibilité de bactéries à des composés anti-microbiens en alliant leurs expertises respectives en bactériologie et en microfluidique. Ils ont sollicité la SATT Paris-Saclay pour définir le meilleur positionnement de leur technologie sur le marché.

Les infections d’origine bactérienne sont la deuxième cause de mortalité dans le monde. Plus particulièrement le sepsis, associé dans sa forme la plus sévère à la présence de bactéries dans le sang et une réponse inflammatoire généralisée souvent létale, est responsable de la mort de plus de 11 millions de personnes dans le monde chaque année (un décès sur cinq). En France, cela concerne 250 à 300 000 cas annuels et 60 000 décès. La prise en charge d’un sepsis doit être très rapide : chaque heure gagnée dans l’administration d’un traitement adéquat permet d’augmenter significativement les chances de survie. Le diagnostic et le choix du traitement sont consécutifs à l’identification de la bactérie responsable de l’infection et à la détermination de son profil de susceptibilité aux antibiotiques, ce qu’on appelle un antibiogramme. Les techniques actuelles peuvent être cependant lentes par rapport à l’urgence de la situation, en livrant des résultats en 36 à 72h.

En outre, l’émergence de résistances aux antibiotiques couramment utilisés les rend inefficaces et il est estimé que plus de 1,2 millions de personnes sont décédées du fait de ces résistances. Celles-ci ont été favorisées par une utilisation excessive et inappropriée des antibiotiques en environnement hospitalier, en médecine de ville, et dans l’industrie agro-alimentaire. L’expansion des résistances dans le monde est extrêmement préoccupante, surtout en Afrique et en Asie où près de 10 millions de décès sont prévus chaque année à l’horizon 2050. Il est donc nécessaire d’une part de limiter le mésusage des antibiotiques en administrant les traitements les plus ciblés possibles, et d’autre part de développer de nouvelles molécules antimicrobiennes, un pan de la R&D qui a été mis de côté par de nombreuses entreprises pharmaceutiques malgré la priorisation de cet enjeu par l’OMS.

Dominique FOURMY et Abdel EL-ABED souhaitent développer une technologie permettant une analyse en temps réel, ultra-rapide, et à haut-débit de la réponse de bactéries à des molécules antimicrobiennes. Ils se sont tournés vers le Marketing de l’Innovation de la SATT Paris-Saclay pour réaliser une étude de positionnement marché. Les objectifs de cette étude étaient de comprendre l’environnement marché des détecteurs de susceptibilité des bactéries aux antibiotiques pour des applications d’antibiogrammes dans un cadre clinique ou pour l’identification de nouveaux composés antimicrobiens par criblage en recherche.

Pour chacune de ces possibilités, l’étude a permis d’identifier les solutions et les pratiques actuelles ainsi que les technologies concurrentes sur le marché ou en développement. Par une recherche documentaire combinée à des entretiens avec différents acteurs tels des cliniciens microbiologistes, laboratoires d’analyse, industriels du diagnostic ou de biotechs, ce travail a permis de définir les besoins du marché et les verrous d’accès en termes de performances technico-économiques pour les différentes applications clinique ou recherche. Cette vision globale a conduit à définir une proposition de valeur du projet et à des recommandations spécifiques à chaque application étudiée pour les prochains développements et pour le positionnement du projet dU-FAST.

« Les enjeux autour des infections bactériennes sont très forts, que ce soit dans la découverte de nouvelles molécules ou dans le diagnostic rapide. Pour ce dernier par exemple, la concurrence pour apporter de nouveaux antibiogrammes ultra-rapides est dense et les méthodes standards actuellement utilisées sont ancrées dans les laboratoires. Les critères technico-économiques d’accès au marché de nouvelles solutions sont donc exigeants. Le projet dU-FAST est toutefois ambitieux et les premières preuves de concept sont prometteuses ! Nous espérons que cette étude apportera à l’équipe des éléments pertinents pour orienter les prochains développements techniques avec les bons partenaires. »

Charlotte Gauthier, Cheffe de Projet Marketing de l’Innovation, SATT Paris-Saclay

« C’est avec plaisir que nous avons confié à l’équipe « Marketing de l’Innovation » de la SATT Paris-Saclay une étude de marché de notre technologie de mesure de la sensibilité des bactéries aux antibiotiques pour des applications dans l’antibiogramme ultra-rapide ou la découverte de nouveaux antimicrobiens. Pour nous chercheurs, l’identification des pratiques en vigueur ainsi que le chiffrage en volume de tests quotidiens en France ou au niveau mondial pour n’en citer que quelques-unes, sont des données difficilement accessibles. De même, l’identification complète des technologies concurrentes sur le marché ou en développement peut s’avérer difficile.  L’équipe « Marketing de l’Innovation » a produit une étude précise et pertinente.  Les entretiens menés avec les différents acteurs clés du secteur ont fait ressortir les critères technico-économiques attendus et pointus d’accès au marché. Cet ensemble de données forme un socle solide et essentiel pour guider le développement du projet et l’amener le plus sereinement possible vers des applications médicales. »

Dominique FOURMY, Directeur de recherche CNRS au LBPA (CNRS, ENS-Paris-Saclay)