Offrir un traitement complémentaire aux protocoles de soin des brûlures sévères permettant de favoriser la cicatrisation, de limiter les infections et le taux de rejet des greffes de peau, optimiser la cicatrisation des plaies cutanées chroniques, de type ulcères ou diabète, telles sont les ambitions du projet Placib. Dans cette optique, l’équipe a développé, avec le soutien de l’Agence de l’Innovation de Défense, une technologie novatrice à base de plasma froid, un gaz ionisé par impulsion électrique. Accompagné par la SATT Paris-Saclay depuis 2019 dans le cadre d’un programme de pré-maturation, puis de maturation, le projet Placib est également à l’origine de la création de la start-up Plasana Medical qui, en parallèle de la maturation technologique de l’innovation, sera chargée de mener ce nouveau dispositif médical vers le marquage CE et des premiers essais cliniques chez l’homme en vue de sa commercialisation. Le chercheur Antoine Rousseau, à l’origine du projet, revient pour nous sur l’histoire de cette technologie prometteuse.
Comment a débuté l’aventure du projet Placib ?
Antoine Rousseau : Il existait depuis plusieurs années, au sein de la communauté des physiciens des plasmas, une forte émulation autour de l’application des plasmas froids à la médecine. Dans ce contexte, nous avons été contactés par la Direction générale de l’armement (DGA) pour évaluer la possibilité d’appliquer cette technologie au traitement des brûlures sévères qui représentent une forte problématique pour nos forces armées. Dans le cadre de cette première approche, débutée en 2016, nous avons évalué cette technologie, en collaboration avec l’Institut de Recherche Biomédicale des armées et l’Institut Pasteur, sur des modèles in-vitro et in vivo de brûlures sévères. Nous avons alors démontré que ces plasmas froids permettaient de stimuler quatre piliers fondamentaux de la cicatrisation : la croissance des cellules de l’épiderme, les kératinocytes, qui représentent la couche superficielle de la peau, l’activation des cellules constituant le derme, en particulier les fibroblastes qui produisent entre autre le collagène conférant à la peau son élasticité, la vascularisation primordiale en cas de brûlures sévères et surtout de plaies chroniques et enfin la stimulation de l’immunité combinée à un effet bactéricide extrêmement sensible.
Parlez-nous de votre collaboration avec la SATT Paris-Saclay ?
A.R. : C’est lors d’un événement au cours duquel j’ai rencontré une chargée d’affaires de la SATT Paris-Saclay qui avait précédemment accompagné un de mes projets que notre collaboration a débuté, il y a maintenant trois ans. Nous avons débuté en 2020 un programme Poc’up dans l’objectif de positionner notre problématique et réaliser une preuve de concept applicative. Puis nous avons choisi de poursuivre avec un programme de maturation que nous venons juste de démarrer. C’est dans ce cadre que nous avons réfléchi à étendre notre domaine d’application aux plaies chroniques touchant les patients souffrant de diabète, d’ulcères ou d’escarres, aujourd’hui estimés à trois millions de personnes en France et en croissance exponentielle du fait du vieillissement de la population et l’évolution de nos modes de vie. Mais la route est longue pour le développement d’un tel dispositif médical. Le soutien de la SATT est de ce fait crucial, notamment pour atteindre le niveau de preuve technologique exigé dans le domaine médical. Dans cette optique la SATT s’est montrée extrêmement souple en proposant un accompagnement sur-mesure tant sur la durée de pré-maturation, que pour l’accompagnement via des cabinets de conseil dédiés avec une très forte implication de ses équipes pour une co-construction active, efficace et en complète intelligence avec nos autres partenaires financeurs que sont l’Institut Polytechnique de Paris, l’Ecole Polytechnique, la Direction Générale de l’Armement et l’Agence Innovation Défense. Je trouve cela remarquable !
Quels sont les projets de votre start-up Plasana Medical récemment créée ?
A.R. : En parallèle du démarrage de notre projet de maturation, la start-up Plasana Medical a été créée en novembre 2022 par le start-up studio Technofounders, un venture builder dont la vocation est la création de startups deeptech industrielles à fort impact sociétal et environnemental. Nous voyons, bien évidemment, de très bon augure la création de cette société qui permettra d’amorcer les futures grandes étapes de notre projet comme l’obtention du marquage CE, l’organisation des premiers essais cliniques chez l’homme, la prise de contact avec les médecins. C’est un formidable levier pour préparer la future commercialisation de notre dispositif.
Antoine Rousseau
Directeur de recherche au CNRS
Laboratoire de Physique des Plasmas
École polytechnique