Eric Barrey, Directeur de recherche INRAE au sein de l’UMR GABI (Génétique Animale et Biologie Intégrative, INRAE – AgroParisTech – Université Paris-Saclay) et son équipe ont identifié des ARN non codants impliqués dans le développement des tumeurs chez l’homme et différentes espèces animales et notamment le cheval. L’équipe Marketing de l’Innovation a répondu à sa demande en évaluant l’intérêt de développer une stratégie thérapeutique ciblant ces ARN non codants avec des oligonucléotides antisens.
Les tumeurs cutanées représentent 80% des tumeurs équines. Parmi les plus fréquentes, on retrouve les sarcoïdes qui peuvent toucher toutes les races de de chevaux et les mélanomes qui ne touchent que des chevaux de robe grise. Ces tumeurs sont peu léthales mais représentent une gêne importante pour le cheval. Les traitements actuels, comme beaucoup de tumeurs animales, reposent essentiellement sur la chirurgie ou des protocoles de chimiothérapie très contraignants dans leur mise en œuvre.
Eric Barrey et son équipe, de l’UMR GABI (INRAE – AgroParisTech – Université Paris-Saclay) ont mis en évidence des ARN non codants qui sont des biomarqueurs de cellules tumorales notamment sarcoïdes et mélanome qui sont impliqués dans l’oncogenèse. Ces résultats se retrouvent dans différents types cellulaires d’espèces différentes comme le chien et même l’homme. La stratégie que souhaitait développer l’équipe consistait à cibler ces ARN par des oligonucléotides antisens, des molécules thérapeutiques utilisés initialement dans le traitement des maladies rares, et de plus en plus dans celui d’autres indications comme l’oncologie.
L’étude réalisée par la SATT à la demande d’Eric Barrey, accompagné par INRAE Transfert, avait pour objectif donc d’évaluer la réceptivité du marché de l’oncologie vétérinaire à une thérapie antisens, et de déterminer la meilleure stratégie de développement. Cette étude comportait deux parties principales : d’une part la compréhension des pratiques actuelles et des besoins en matière de traitement de tumeurs cutanées équines et canines, un panorama des acteurs et des nouvelles stratégies thérapeutiques en oncologie vétérinaire, et une analyse des barrières à l’entrée du marché ; d’autre part la caractérisation de la chaîne de la valeur du développement de thérapies basées sur les oligonucléotides antisens, les acteurs impliqués et les indications visées, et une analyse des stratégies d’accès au marché de ces thérapies. Chaque partie était nourrie d’une analyse bibliographique variée (bases de données, publications, brevets, presse…) et d’entretiens avec des experts.
Ce travail a permis de mettre en évidence les forces et les risques du projet, qui sont essentiellement liés à une technologie prometteuse et versatile mais au développement encore complexe, et un marché de l’oncologie vétérinaire encore limité bien qu’en croissance.
« Après une première étude réalisée en 2020 pour évaluer le potentiel de valorisation d’un dispositif de diagnostic du mélanome équin, Eric Barrey a sollicité de nouveau la SATT pour réaliser une étude de marché pour évaluer un nouveau positionnement de ses travaux. Le marché vétérinaire est en demande de nouvelles solutions anticancéreuses et nous avons essayé d’apporter des éléments factuels sur la réceptivité à des thérapies de pointe comme Eric et son équipe cherchent à développer. Nous espérons que les résultats de l’étude les aideront à valoriser leurs travaux et leur savoir-faire lié à la thérapie par oligonucléotides antisens. L’équipe du Marketing de l’Innovation reste à leurs côtés puisque nous les accompagnons actuellement sur une nouvelle étude de positionnement d’une thérapie antisens mais dans le cadre d’une indication humaine très différente. »
« C’est avec plaisir et toute confiance que nous avons confié à l’équipe « Marketing de l’Innovation » de la SATT Paris-Saclay une nouvelle étude de marché de cette stratégie thérapeutique basée sur l’utilisation d’oligonucléotides antisens capables de neutraliser un ARN cible impliqué dans une maladie. Cette méthode est encore à la pointe en médecine humaine avec environ une dizaine de médicaments déjà approuvés et commercialisés dans le monde pour traiter une grande variété de maladies rares. L’émergence des applications en oncologie, nous a incité à développer des applications en médecine vétérinaire. Cependant en terme de valorisation, la seule question de la faisabilité scientifique ne suffit pas, encore faut-il que la méthode très innovante soit rentable et acceptée par les laboratoires et les vétérinaires. L’étude de marché, en parallèle des travaux de validation expérimentale, apporte donc une information qualitative et quantitative indispensable pour envisager la suite de la valorisation de cette innovation thérapeutique. »