L’industrie semencière française, l’une des plus dynamiques au niveau mondial, investit constamment dans la recherche d’innovations. C’est dans ce cadre que la start-up SEED IN TECH a vu le jour. Son but : en optimisant la germination des semences, contribuer à résoudre les enjeux à la fois commerciaux, environnementaux et réglementaires liés au secteur. Après avoir été accélérée par la SATT Paris-Saclay, elle poursuit son développement en passant des cultures potagères à d’autres plus vastes, avec en vue un déménagement dans le bassin angevin, au plus proche de ses clients.
3 QUESTIONS A FREDERIC CHAUFFOUR, PRESIDENT DE SEED IN TECH
► Comment vous est venue l’idée de SEED IN TECH ?
Elle est née sous l’impulsion de Loïc Rajjou, professeur AgroParisTech et effectuant ses travaux de recherche au sein de l’équipe « physiologie de la germination » de l’INRAE de Versailles, spécialisée dans la compréhension des mécanismes régulant la germination des semences. Nous sommes partis du constat que nous accumulions beaucoup de données génomiques, biochimiques et de physiologie, et nous nous sommes demandé comment nous pourrions les utiliser pour innover, en particulier dans le domaine de l’amélioration des semences. Or, quel meilleur moyen que de développer une nouvelle technologie ?
SEED IN TECH vise ainsi à déployer toute une gamme de nouveaux traitements de semences dits d’activation des semences (seed priming). Si ces techniques existent depuis une cinquantaine d’années, nous y apportons notre connaissance de la physiologie de germination pour les améliorer en visant trois objectifs. Le premier porte sur l’amélioration de la germination pour obtenir, à partir d’un simple lot de semences, un maximum de plantes capables de germer dans une large gamme de conditions environnementales afin de permettre, par exemple, un semis précoce et une tolérance accrue à des températures plus élevées. Le deuxième consiste à améliorer la durée de conservation des semences activées pour améliorer les performances de longévité des lots. Enfin, le troisième vise à renforcer la capacité des semences et des jeunes plants à se défendre sans avoir recours à des produits phytopharmaceutiques, de plus en plus visés par la réglementation, et renforcer leur capacité à se défendre contre les pathogènes bactériens et fongiques.
Un premier projet d’un an a été initié avec l’Université de Paris-Saclay en 2016 afin d’obtenir les premières preuves de concept de l’efficacité de ce type de traitement. Effectuant alors ma thèse sous la direction de Loïc, j’ai commencé à collaborer avec lui. Les premiers résultats s’avérant prometteurs, nous avons choisi de prolonger ce travail via un projet de maturation, financé par la SATT Paris-Saclay.
► Pourquoi avoir choisi la SATT Paris-Saclay comme partenaire de valorisation ?
Parce qu’elle constituait le chaînon manquant entre la recherche et les premières étapes de développement produit. Grâce à la SATT, nous avons bénéficié d’un financement important, ce qui nous a permis de partir sur un nouveau projet de trois ans mené entre 2018 et 2021. Omaé Pozza nous a alors rejoints afin de contribuer au développement technique et à la valorisation des technologies Smart Priming.
Au vu des résultats plus qu’encourageants, nous avions deux modèles possibles de valorisation de la technologie : la licence ou la création d’une start-up. Nous avons choisi cette aventure entrepreneuriale pour aller jusqu’au bout de notre idée en développant la technologie au maximum de ses possibilités tout en restant impliqués dans son industrialisation et sa commercialisation. La SATT s’est engagée résolument à nos côtés en finançant l’ensemble de nos travaux de recherche à hauteur de 477 000 euros et en nous apportant un précieux accompagnement entrepreneurial pour bâtir notre business plan. Grâce à elle, nous avons également pu participer à plusieurs salons professionnels et bénéficier d’une formation de neuf mois HEC Challenge Plus qui nous a permis de changer de paradigme en passant du statut de scientifique chercheur à celui d’entrepreneur.
► Quels sont vos projets ?
SEED IN TECH a été officiellement créée en août 2021 autour de quatre cofondateurs : Omaé Pozza, directrice générale, Loïc Rajjou, référent scientifique, Hugues Dumas, référent business qui nous apporte son expérience de travail chez des semenciers et des entreprises spécialisées en biosolutions, et moi en tant que président. Suite à cela, nous avons réalisé une première levée de fonds en décembre 2021 qui nous a permis de financer les premières étapes de développement. S’y est ajoutée la labellisation French Tech Seed Paris-Saclay, par la SATT-Paris-Saclay, qui nous a permis d’amplifier notre première levée auprès du fonds French Tech Seed. Nous avons également été lauréat du concours i-Lab 2021, grâce notamment à l’aide précieuse de la SATT et d’AgroParisTech innovation dans la constitution du dossier. En 2022, nous avons également rejoint le programme Industry de WILCO, qui nous a permis d’affiner notre plan de développement et d’obtenir des prêts d’honneur.
Nous avons alors décidé de diversifier et d’affiner notre technologie qui se limitait à quelques espèces essentiellement potagères, principalement tomate et laitue. Nous nous sommes spécialisés dans le traitement d’autres espèces comme les apiacées – la famille des carottes, persil, céleri entre autres -, les alliums ou encore les endives. Nous avons également commencé à augmenter les volumes de traitements pour passer progressivement à l’échelle industrielle. Si nous sommes déjà capables de fournir les petits volumes qu’impliquent les espèces potagères, nous visons des lots commerciaux plus importants de semences. Le changement climatique génère de plus en plus de problèmes d’implantation des cultures et nous étudions le potentiel à la fois économique et technologique d’une « démocratisation » du priming sur les fleurs et les grandes cultures, comme le maïs ou le colza. Ces développements font notamment l’objet d’un projet de recherche avec l’INRAE de Versailles dans le cadre du Challenge Innotech, dont SEED IN TECH a été lauréat lors de la première édition 2023.
Cette montée d’échelle sera accompagnée d’une relocalisation de nos activités sur le bassin angevin qui se caractérise par une grande concentration de semenciers, pépiniéristes ou encore producteurs de biosolutions… Cela nous paraît en effet pertinent de nous rapprocher au plus près de nos clients, de nos partenaires commerciaux et des instituts techniques comme le GEVES.
SEED IN TECH EN BREF
Sa relation avec la SATT Paris-Saclay en 2 mots :
« constructive » et « essentielle » !
Année de création
2021
Effectif
4 personnes
Levée de fonds cumulés
(fonds privés, subventions, prêt et OC)
835 k€
Prix/distinctions
- Labellisée French Tech Seed Paris-Saclay
- Lauréate du projet i-Lab 2021, SIVAL Innovation d’argent 2022, Challenge Innotech 2023