Lauréate de l’Appel à projets Booster du Programme d’Investissements d’Avenir PIA 3, la SATT Paris-Saclay s’est donnée comme objectif d’augmenter de 50% le nombre de ses projets de maturation d’ici 2025. Condition sine qua non pour y parvenir : guider au plus tôt les équipes de recherche vers une stratégie de valorisation et accélérer ainsi la mise sur le marché de leurs technologies. Cette mission de détection précoce, aussi centrale que sensible, a été confiée à quatre « catalyseurs d’innovation ». Nous sommes allés à la rencontre de l’un d’eux, Denis Kuzzay, qui nous dévoile ce nouveau métier à la portée tant scientifique que sociale, économique… et philosophique !
► Un parcours qui allie recherche et monde de l’entreprise
Agé de 33 ans, Denis possède une solide formation en physique fondamentale. Il a ainsi fait ses études à l’Université Paris-Saclay, alors qu’elle s’appelait encore Paris Sud 11 ! Après un Master 1 en Erasmus et un M2 à l’ENS de Paris, il a soutenu sa thèse au CEA de Saclay en 2016 puis a poursuivi son parcours de recherche académique en postdoctorat. En 2019, sa vie professionnelle prend un premier tournant : il rejoint le secteur privé avec une première expérience en tant qu’entrepreneur au sein du programme d’Entrepreneur First, puis une autre dans la R&D d’une start-up spécialisée dans la géolocalisation indoor, avant de rejoindre un cabinet parisien de financement de l’innovation… et finalement d’intégrer la SATT !
► Un « catalyseur d’innovation », késako ?
« Au sein du Pôle Ingénierie et Numérique, mon rôle consiste à détecter le plus tôt possible, directement dans les différents laboratoires de Paris-Saclay, les technologies à fort potentiel de transfert », résume-t-il. Cela lui permet aussi de mieux faire connaître les opportunités de financement et d’accompagnement qu’offre la SATT – ou d’autres organismes – aux chercheurs, aux étudiants et aux doctorants, et de les sensibiliser à la valorisation, trop souvent méconnue, de leurs travaux.
« Le transfert de technologies est un processus visant à utiliser des connaissances issues de la recherche scientifique afin de développer des innovations qui ont vocation à être commercialisées sous forme de produits ou de services, explique-t-il. Quel que soit leur potentiel d’impact socio-économique, des connaissances qui ne seraient pas exploitées ont un intérêt pratique limité. Ma mission, dans le cadre des moyens mis à disposition par la SATT, est alors d’accompagner, tout au long du processus de maturation technologique, les chercheurs qui souhaitent concrétiser cet impact ». D’autre part, une détection tardive soumet le projet de recherche à des risques forts. En effet, il peut être abandonné par manque de financement, il peut aboutir mais s’arrêter au stade des publications scientifiques, ou une équipe concurrente peut compléter le transfert en premier. Dans tous les cas, c’est une opportunité manquée pour le porteur de projet. Ainsi, une détection précoce et rapide constitue un vrai facteur de compétitivité pour le territoire. Plus largement, le processus d’innovation étant un moteur des entreprises et de l’économie française, elle est un facteur crucial à toutes les échelles.
Dans cette optique, il travaille étroitement avec les cellules de valorisation de recherche des différents établissements de Paris-Saclay, qui ont une connaissance précise de leurs laboratoires et organisent des rencontres dans les laboratoires avec les chercheurs. Il se rend également aux conférences et aux événements qui se déroulent sur le campus afin de découvrir les projets et discuter avec leurs acteurs.
► Une mission scientifique… et philosophique
Persuadé qu’il existe un bénéfice fondamental à faire de la recherche, ce nouveau métier de « catalyseur » a immédiatement attiré Denis : « d’un point de vue quasi philosophique, je suis convaincu que l’un des moteurs qui fait avancer l’humanité en général, et la société en particulier, est la création et l’acquisition de nouvelles connaissances. Donc la recherche. Et le moyen pour qu’elle impacte notre quotidien et change la société, c’est précisément le transfert de technologies ».
Or ce poste lui offre à la fois la possibilité de participer à ce processus en faisant fructifier son passage dans le privé, tout en se rapprochant de laboratoires de recherche aux qualités scientifiques exceptionnelles. « Il y a dans ce métier la possibilité d’apprendre beaucoup de choses au quotidien, notamment dans des domaines que je connaissais peu. Sans parler de mon souhait de revenir dans le giron saclaysien qui m’a formé et auquel je demeure profondément attaché », avoue-t-il.
Le fait d’avoir partagé durant plusieurs années ce que les porteurs de projets vivent au quotidien – la recherche académique -, allié à son expérience dans le privé et dans le financement de l’innovation – donc l’accompagnement et le développement de projets -, en font un interlocuteur précieux pour les chercheurs. « Dans ce métier, il faut une certaine curiosité, la volonté de comprendre les projets. Or je suis un vrai curieux, avec un goût fort pour le contact », conclut-il. Un « catalyseur prometteur » !