Lauréate de l’Appel à projets Booster du Programme d’Investissements d’Avenir PIA 3 (Franjce 2030), la SATT Paris-Saclay s’est donnée comme objectif d’augmenter de 50% le nombre de ses projets de maturation d’ici 2025. Condition sine qua non pour y parvenir :  guider au plus tôt les équipes de recherche vers une stratégie de valorisation et accélérer ainsi la mise sur le marché de leurs technologies. Cette mission de détection précoce, aussi centrale que sensible, a été confiée à quatre « catalyseurs d’innovation ».
Dans ce second volet, nous vous proposons de découvrir Emmanuelle qui nous dévoile son parcours et nous explique son rôle de « catalyseur d’innovation ». Bien plus qu’une mission : un rôle-clé !

► De la recherche fondamentale à la réalisation de projets

Emmanuelle a travaillé une vingtaine d’années dans la recherche en biologie. Ayant débuté avec un BAC+2, comme technicienne dans la recherche fondamentale, les cours du soir au CNAM lui ont permis de décrocher un diplôme d’ingénieure, évoluant ainsi vers un poste d’ingénieure d’études. En parallèle, elle a travaillé au sein de plusieurs laboratoires sur des projets in vitro et in vivo, en passant progressivement du fondamental à l’appliqué. Arrivée en 2010 à ISTEM, l’Institut des cellules souches pour le traitement et l’étude des maladies monogéniques (Evry), Emmanuelle a soutenu sa thèse en 2015 sur la dystrophie de Duchenne.

Il y a quelques mois, elle a souhaité se tourner vers de nouveaux défis afin de poursuivre ce processus d’évolution qui la mène progressivement vers la gestion de projets et participer à leur concrétisation. Elle a alors entendu parler de la SATT Paris-Saclay. Laquelle a aussitôt détecté son potentiel et lui a proposé le poste de chef de projets « catalyseur ».

Un métier novateur à bien des égards

« A l’origine, ce poste n’existait pas, souligne Emmanuelle. Les chercheurs venaient déposer leurs projets de leur propre initiative ». Or, dans le cadre du Programme d’Investissements d’Avenir PIA 3 (France 2030), la SATT s’est donnée comme objectif d’augmenter de 50% le nombre de ses projets de maturation d’ici 2025. Ce qui nécessite de conforter ses liens avec les chercheurs. « La motivation à l’origine de la création de ce poste, je la partage à 300%. Quand on est chercheur, on a constamment besoin d’argent : c’est la priorité n°1 pour pouvoir réaliser ses projets de recherche. Il est donc indispensable de mieux faire connaître la SATT et les possibilités de financements qu’elle offre », explique Emmanuelle.

Autre motivation pour la jeune femme, afin d’absorber l’augmentation significative attendue de dossiers, son poste va l’amener à suivre directement certains d’entre eux, tel un chef de projets maturation. Enfin, le relationnel fait partie de l’ADN de sa mission et, tant dans le cadre privé que professionnel, elle est motivée par la volonté profonde et sincère d’aider les autres. « A la base, un catalyseur a pour mission de répondre aux questions et aux besoins des gens, de créer des liens. Or je veux exercer un métier qui a du sens, changer les choses. Je suis pile au bon endroit et je pense que je peux vraiment faire la différence. C’est la somme des petites actions positives qui font bouger les choses ! », sourit-elle.

De l’art et de la nécessité de collaborer avec les labos…

Pour Emmanuelle, « l’idée première du transfert de technologie est que la recherche sorte du laboratoire. Des résultats intéressants et valorisables restent trop souvent dans les tiroirs. Il faut réussir à transformer l’innovation faite à la paillasse en une réalisation concrète, par le biais par exemple d’une start-up ou d’un industriel ». L’action du catalyseur permettra d’aider à faire le lien avec le marché, afin d’éviter de passer à côté de ces projets. Le processus d’évolution d’un projet prend beaucoup de temps, ce qui nécessite une détection précoce et de sensibiliser à la valorisation. D’autant plus qu’un chercheur se donne souvent comme priorité, après la recherche de financements, de publier ses résultats… rendant ainsi impossible la protection de la propriété intellectuelle de sa découverte s’il ne l’a pas fait auparavant.

Afin de débusquer très en amont les sujets de recherche prometteurs, Emmanuelle participe entre autres à des conférences et parvient même parfois à y obtenir quelques minutes de prise de parole pour se faire connaître. Elle va également rencontrer les chercheurs « au pied de leur poster » dans les séminaires organisés, entre autres, sur le plateau de Saclay et prend part à des visites de laboratoires qui lui permettent de les aborder directement sur leur lieu de travail. Elle discute aussi avec tout l’écosystème, des chargés de valorisation aux directeurs de graduate schools. Son objectif ? Se connecter à un maximum de monde ! Car c’est vraiment la synergie de tous les acteurs du territoire qui fera la différence.

Si la difficulté du poste réside dans la pluralité des domaines concernés, son passé de chercheuse l’aide à appréhender ces thématiques diverses et elle y trouve une réelle stimulation : « on a une vision de ce qui va se développer avant même que le produit arrive sur le marché. A la SATT, je me retrouve confrontée à des projets très divers en biologie, mais également dans d’autres domaines très loin de ma formation. Au quotidien, je travaille avec des chefs de projets maturation et également avec des ingénieurs brevets, des juristes, des chefs de projets dans le marketing… Et c’est ce qui rend ce nouveau travail passionnant ! »