French Tech Seed Paris-Saclay

Lancé par le Premier ministre Édouard Philippe le 21 juin 2018, le fonds d’investissement French Tech Seed, doté de 400 M€ issus du programme d’investissement d’avenir et opéré par Bpifrance, a vocation à financer le pré-amorçage des start-up à forte intensité technologique, de moins de trois ans et en phase de post-maturation. Le consortium piloté par la SATT Paris-Saclay, sélectionné en tant « qu’apporteur d’affaires » en janvier 2019, a déjà permis de labelliser 13 start-up après plusieurs comités de sélection. Trois d’entre elles : Quandela, Teratonics et Seekyo témoignent de l’intérêt du dispositif pour leur développement.

« Le fonds French Tech Seed est un produit supplémentaire pour les start-up, complémentaire d’une levée de fonds », résume Michaël Fournier, directeur général adjoint de la SATT Paris-Saclay qui pilote le consortium labellisé « apporteur d’affaires » par le fonds French Tech Seed et composé de 9 membres issus de l’écosystème Paris-Saclay (la filière entrepreneuriale d’AgroParisTech, CentraleSupélec, Institut Polytechnique de Paris, Genopole, la filière entrepreneuriale d’HEC, IncubAlliance, l’Institut d’Optique Graduate School et le WAI Massy-Saclay de BNP Paribas).

L’objectif de ce consortium est de fédérer les forces vives de la maturation technologique, de l’incubation de start-up et de l’accélération d’entreprises de l’écosystème Paris-Saclay afin de renforcer la création et l’accélération de start-up technologiques. « La SATT Paris-Saclay est le bon outil pour créer des synergies car nous travaillons avec tout le monde et la constitution du consortium en a été facilitée », poursuit Michaël Fournier.

UN MÉCANISME DE PRESCRIPTEURS LABELLISÉS

L’originalité du fonds French Tech Seed repose sur un mécanisme de prescripteurs labellisés, dont le rôle est « d’identifier au sein de leur écosystème des jeunes entreprises technologiques, créées ou en création, à la recherche de premiers investisseurs ». D’une part, ils attestent du caractère technologiquement innovant notamment deep tech des projets de ces entreprises et, d’autre part, ils les accompagnent dans leurs dimensions stratégiques, commerciales et de rapprochement vers des investisseurs privés, afin d’assurer un flux d’affaires qualifiées vers le fonds French Tech Seed.

Les entreprises dont la technologie est validée par les prescripteurs et qui bénéficient d’investissements privés pourront ainsi se voir accorder un financement par Bpifrance pouvant aller jusqu’à deux tiers du tour de table. « Pour un euro d’investissement privé, les start-up peuvent bénéficier ainsi de deux euros d’investissement public de la part de Bpifrance, sous forme d’obligations convertibles, dans la limite de 250 k€, sauf dérogation », indique Michaël Fournier.

UN PROCESSUS DE SÉLECTION EN DEUX ÉTAPES

« C’est un nouveau dispositif qui intervient en quasi fonds propres dans les entreprises, alors qu’habituellement, les aides prennent la forme de subventions, d’avances remboursables ou de prêts », constate Gabrielle Lefever, déléguée innovation Île-de-France Est de Bpifrance.

Quelle est la spécificité du fonds French Tech Seed par rapport à d’autres dispositifs ? « C’est un outil financier qui s’adresse à des start-up avec des projets à haute intensité technologique et souvent lauréates de concours comme i-Lab, construites sur une recherche fondamentale très solide avec des time-to-market lointains », développe-t-elle.

Pour bénéficier du fonds French Tech Seed, les start-up candidates doivent passer par une phase de sélection en deux étapes :

  • Un comité d’admission présélectionne les projets candidats : les candidatures sont examinées et présélectionnées pour entre, ou non, en phase de préparation du passage en comité de sélection. Les chargés d’affaires des 9 membres du consortium se réunissent en binôme pour « aider les entreprises à amorcer le sprint final et pour se présenter devant le comité de sélection, qui valide, et donne le label aux entreprises », précise le DGA de la SATT Paris-Saclay. L’accompagnement se traduit par 2 à 3 séances de travail d’une demi-journée sur le contenu de leur dossier, et sur les éléments de présentation pour le passage en comité de sélection ;
  • Un comité de sélection labellise ensuite les projets avant l’instruction de Bpifrance qui « creuse davantage sur les bilans financiers et les prochaines levées de fonds éventuelles », précise Gabrielle Lefever.

« La plupart du temps, les entreprises sont détectées par les membres du consortium », observe Michaël Fournier. « Il s’agit en quelque sorte d’auto-alimentation. C’est pourquoi, le consortium souhaiterait élargir le spectre des entreprises labellisées, en respectant la condition que ces entreprises doivent, ou devront, avoir un lien avec un membre du consortium », précise-t-il.

« Le consortium accompagne des sociétés qui s’inscrivent dans une dynamique de levée de fonds en amorçage. À l’issu de l’accompagnement, le consortium labellise les sociétés qui ont levées depuis moins de 3 mois ou pouvant justifier d’une lettre d’intention de la part d’investisseurs », poursuit Michaël Fournier.

UN « COUP DE BOOST » ET UNE MARQUE DE CONFIANCE

Pour les entreprises labellisées dans le cadre du fonds French Tech Seed, l’effet d’accélérateur est bien réel. « C’est un vrai coup de boost et une marque de confiance », salue Valérian Giesz, co-fondateur de Quandela, start-up spécialisée dans la conception de solutions performantes et compactes pour le développement des technologies de la photonique quantique.

« Depuis que nous sommes sortis d’IncubAlliance, je ne dirais pas que nous sommes en roue libre, mais nous ne sommes plus challengés de la même manière et par conséquent, l’accompagnement apporté par le consortium piloté par la SATT Paris-Saclay permet de nous remettre dans le bain et de faire travailler nos neurones ! ». « Clairement, cela nous aide à savoir parler aux investisseurs et si nous n’avions pas bénéficié de ce dispositif, peut-être aurions-nous dû trouver un nouvel actionnaire ou nous diluer davantage ? »

« Notre candidature est atypique car nous avons demandé une somme supérieure à 250 k€ », annonce par ailleurs Valérian Giesz. Selon les projets, « l’enveloppe financière allouée par Bpifrance peut exceptionnellement être supérieure en fonction du montant levé par les start-up candidates », confirme Gabrielle Lefever. « Toutefois, notre analyse ne se base pas uniquement sur un calcul mathématique : nous regardons également le POC, les marques d’intérêt scientifiques, etc. En d’autres termes, la trajectoire de l’entreprise. »

C’est le cas de Quandela. La start-up vient de lever 300 k€ début mai auprès de Quantonation, premier fonds de capital-risque dédié aux technologies quantiques et la physique innovante. Le dossier est actuellement en cours d’instruction par Bpifrance mais la start-up vise un montant d’environ 500 k€. « Une telle somme peut permettre de repousser, du moins pour quelque temps, l’éventualité d’une deuxième levée de fonds », analyse Gabrielle Lefever.

DÉVELOPPEMENT DE L’ENTREPRISE ET RECRUTEMENTS

« Ce financement nous permettra d’aller plus vite, de recruter et de monter en régime », détaille Valérian Giesz qui se dit « très fier d’avoir été labellisé par un consortium piloté par la SATT Paris-Saclay», « une structure qui a déjà accompagné de très beaux projets ». Le co-fondateur de Quandela souligne également « l’utilité du dispositif » qui a contribué à renforcer les liens entre sa start-up et Bpifrance « qui devient un partenaire et non plus simplement un guichet de financement ».

Une idée partagée par Uli Schmidhammer, CEO de Teratonics, start-up qui fournit des services et des solutions d’imagerie et de contrôle non destructif en ligne, pénétrant, sans contact et sans danger, pour les plastiques, les composites, leurs assemblages et les revêtements. Grâce au financement du fonds French Tech Seed, Teratonics a recruté, renforcé ses actions commerciales et surtout « augmenté son développement technique via l’automatisation de ses produits ».

« L’investissement de Socomore Venture début 2019 et le fonds French Tech Seed nous ont permis d’accélérer l’évolution de notre start-up vers notre prochaine étape : devenir le leader européen du contrôle non-destructif Terahertz d’ici 2022 », révèle Uli Schmidhammer. « Ce label est donc positif à plusieurs niveaux », explique-t-il. « Tout d’abord il confère une véritable reconnaissance de la part d’experts confirmés de domaines industriels variés. De plus, il nous aide à accroître notre visibilité et nous offre une manne financière importante », poursuit le CEO.

AMPLIFIER UNE LEVÉE DE FONDS GRÂCE AU FONDS FRENCH TECH SEED

« Nous étions accompagnés par le Genopole qui faisait partie du consortium piloté par la SATT Paris-Saclay et nous avons postulé », souligne quant à lui Oury Chetboun, CEO de la biotech Seekyo qu’il a co-fondée en 2018 avec le Professeur Sébastien Papot (CNRS/Université de Poitiers) et qui développe une chimiothérapie de nouvelle génération pouvant cibler spécifiquement les tumeurs solides tout en réduisant les effets indésirables des traitements.

En janvier 2020, Seekyo a annoncé avoir levé 800 k€ qui vont lui permettre d’accélérer le développement de son candidat-médicament phare, avant une nouvelle levée de fonds destinée à aborder les essais cliniques. Le fonds French Tech Seed a pleinement joué son rôle en complétant la levée de fonds de la start-up auprès d’un pool d’investisseurs issus des réseaux de business angels à hauteur de 250 k€ sous forme d’obligations convertibles.
« Le dispositif est très utile, tout comme l’accompagnement qui prépare au comité de sélection. Globalement, le fonds French Tech Seed apporte une sécurité tout à fait appréciable », résume Oury Chetboun qui signale par ailleurs que sa start-up a bénéficié de l’appui du consortium Paris-Saclay pour participer au Tech Tour Transfer Invest 2020, un événement organisé par Bpifrance qui met en relation des start-up et des fonds d’investissement étrangers. Seekyo et a été retenue parmi les 10 meilleures start-up conviées au « Tech Tour Contest Final » qui se déroulera les 8 et 9 décembre 2020 en Allemagne.

D’autres start-up de l’écosystème Paris-Saclay pourront prétendre à ce label plébiscité lors des deux prochains appels à candidature fixés les 11 juin et 10 septembre 2020. La vitesse de réaction est essentielle dans l’innovation ; telle est l’ambition affichée par le consortium Paris-Saclay.

Vous souhaitez en savoir plus sur le fonds French Tech Seed Paris-Saclay, contactez Gregory Peignon : gregory.peignon@satt-paris-saclay.fr