Orsay, 24 novembre 2023 – La maladie de Charcot-Marie-Tooth – CMT – est la neuropathie héréditaire la plus fréquente au monde. Alors qu’un million et demi de personnes seraient touchées à travers la planète, aucun traitement n’existe à ce jour. Aussi est-il peu dire que le projet SICMT, porté par la start-up MAASIRNA, constitue un gigantesque espoir pour les malades et leurs proches.
► Des traitements préventifs mais jusqu’à présent non curatifs
La CMT1A, forme la plus courante de la maladie, est due à une anomalie chromosomique qui provoque une altération de la gaine de myéline recouvrant les nerfs périphériques. Comparable à la gaine isolante qui enveloppe un fil électrique, cette dernière permet la conduction des signaux le long de la fibre nerveuse de manière rapide et efficace. Cette maladie concerne 1 sur 2500 naissances. Il s’agit d’une affection héréditaire, les risques de transmission aux enfants garçons ou filles sont de 50%. Elle se déclare aussi bien chez l’enfant que chez l’adulte. Cette anomalie engendre une faiblesse musculaire, une perte de la sensibilité et des douleurs, principalement au niveau des pieds et des mains, qui impactent progressivement la course, la marche, les gestes de la vie courante, l’autonomie détériorent inexorablement la qualité de vie des malades. Aucun traitement n’existant à ce jour, ceux-ci doivent se contenter de simples mesures symptomatiques traitements anti-douleurs, mesures correctrices semelles et chaussures orthopédiques, orthèses releveurs de pieds, physiothérapie, voire une la chirurgie orthopédique, malheureusement incapables de stopper son évolution …
► Le projet SICMT, un espoir pour les patients et leurs proches
Ce projet vise à mettre au point une thérapie ciblée capable de normaliser l’expression de la protéine impliquée dans l’altération de la gaine de myéline par le recours à un « petit ARN interférent » – en anglais « small interfering RNA » ou « siRNA ». Cette technologie récente, objet d’un prix Nobel en 2006 permet d’agir tel un régulateur en cas d’une trop grosse production d’ARN messager. Dans le cadre du projet, afin de l’intégrer dans le cytoplasme où se situe ce dernier, le siRNA est encapsulé dans des nanoparticules de squalène, un intermédiaire essentiel dans la biosynthèse du cholestérol, des hormones stéroïdes et de la vitamine D. Les premières expérimentations animales s’étant toutes révélées concluantes, efficaces et sans aucun effet secondaire, le projet est arrivé au stade des travaux précliniques. Objectif : un passage chez l’homme en 2026. L’espoir est de permettre à des enfants atteints de CMT1A de courir à nouveau, de marcher sans aide et de garder une autonomie.
► Un pur produit de la recherche publique hexagonale
SICMT est le résultat de quinze années de recherche publique menée par une équipe dirigée par Liliane Massade (CNRS / Inserm / Université Paris-Saclay ; LabEx Nanosaclay), David Adams (AP-HP / Université Paris-Saclay) et Charbel Massaad (Université Paris-Cité).
« L’objet de nos recherches est consacré aux patients affligés par cette neuropathie, qui attendent depuis le 19ème siècle un traitement. En combinant nos compétences, avec Charbel spécialisé dans la myéline, David qui a contribué au succès des essais cliniques de siRNA dans une première neuropathie rare et moi-même dans la technologie du siRNA, nous avons eu l’idée de l’appliquer à la lutte contre une neuropathie périphérique, en particulier la maladie de Charcot-Marie-Tooth », explique Liliane Massade. Leurs travaux parvenant à l’étape de la maturation et gagnant au passage plusieurs prix, ils se sont rapprochés d’Antoine Barouky, qui allait devenir le CEO de MAASIRNA. « Travaillant alors pour le leader américain du secteur du siRNA, à l’origine de plusieurs médicaments innovants du 21ème siècle autorisés sur le marché, j’avais identifié ce projet et son potentiel qui représentent une vraie fierté pour la recherche 100% française, s’enthousiasme-t-il ! J’ai donc décidé de m’associer avec eux pour l’amener jusqu’au patient. A ce jour, nous avons réussi à financer la start-up, ce qui nous permet de poursuivre nos recherches et de nous projeter sereinement vers l’avenir ».
Pour les accompagner, ils se sont également assuré la collaboration de la SATT Paris-Saclay.
► MAASIRNA et la SATT Paris-Saclay : une équipe de France au service de la recherche
« Nous nous sommes immédiatement passionnés pour le potentiel de cette nouvelle technologie de rupture à base d’ARN, qui est en plein essor, et pour le fait qu’elle puisse s’appliquer à une maladie orpheline pour laquelle il n’existe actuellement aucun remède », explique Stéphane Gobron, chef de projet santé à la SATT Paris-Saclay.
Celle-ci a donc soutenu les chercheurs via un programme de maturation, leur consacrant notamment un budget d’environ 690 000 euros afin de leur permettre d’obtenir toujours plus de résultats scientifiques validant leurs hypothèses de travail. Ce soutien s’est aussi avéré important pour qu’ils puissent se projeter non seulement à l’échelle de la production industrielle via l’initiation de contacts avec des sociétés spécialisées – CDMO -, mais aussi vers les développements futurs de la technologie sur l’homme, notamment par une mise en relation avec des experts en études toxicologiques. Une démarche d’autant plus importante que, cette technologie étant nouvelle, le recul est moindre et la nécessité de l’éprouver par conséquent cruciale. Si un contrat de transfert vient d’être signé, la SATT continue son accompagnement de l’équipe et reste partie prenante dans MAASIRNA via une participation au capital de la start-up.
A PROPOS DE MAASIRNA
MAAsiRNA (https://www.maasirna.com/fr) est engagée dans le développement d’une thérapie ciblée reposant sur l’ARN interférent (siRNA). Après plus de dix années de recherche, les scientifiques à l’origine de MAAsiRNA ont mis au point un traitement à base de siRNA pour la forme la plus répandue de neuropathie périphérique héréditaire au monde : la maladie de Charcot-Marie-Tooth de type 1A (CMT1A). Cette maladie touche une personne sur 5000, totalisant ainsi 1,5 million d’individus dans le monde. L’objectif actuel de MAAsiRNA est de faire avancer cette thérapie vers une phase où elle pourra être administrée aux patients. En cas de réussite, cette approche thérapeutique pourrait également s’appliquer à d’autres affections du système nerveux qui, pour la plupart, ne bénéficient actuellement pas de traitements efficaces.
Contact Presse : Liliane MASSADE, Directrice scientifique/ Antoine BAROUKY, PDG
A PROPOS DE LA SATT PARIS-SACLAY
La SATT Paris-Saclay, soutenue par ses actionnaires (Université Paris-Saclay, CNRS, Institut polytechnique de Paris, Bpifrance), développe la compétitivité des entreprises par l’innovation en valorisant les technologies, compétences ou expertises provenant des 16 000 chercheurs des 300 laboratoires du Cluster Paris-Saclay. Son cœur de métier est la maturation d’innovation sur les plans technologique, juridique et économique. La SATT Paris-Saclay travaille en étroite collaboration avec les entreprises, pour réaliser des projets de maturation coconstruits et pour développer des services d’innovation. Elle propose à l’industrie des licences d’exploitation sur les technologies maturées. La SATT Paris-Saclay est membre du Réseau SATT.
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